
COCKTAILS MOLOTOV A TOURS CONTRE DEUX SEX-SHOPS ET A LA CASERNE MEUSNIER


COCKTAILS MOLOTOV A TOURS CONTRE DEUX SEX-SHOPS ET A LA CASERNE MEUSNIER
UN GROUPEMENT DE DROITE REVENDIQUE LES PREMIERS… ET STIGMATISE LE TROISIEMEL’intervention des pompiers fut nécessaire, rue Colbert. L’intérieur du magasin a été détruit entièrement
TOURS. “Le peuple de France verra que d’honnêtes citoyens sont prêts à s’opposer, au besoin par la force, aux immondes porcheries et à la veulerie qui se développent dans notre pays sous le couvert d’un libéralisme avancé.”
C’est en ces termes qu’un correspondant inconnu, se disant membres du groupe “Citadelle”, nous a expliqué (par l’intermédiaire du téléphone) les raisons de deux attentats perpétrés dans la soirée et dans la nuit de samedi à Tours.
Tous deux visaient des sex-shops. Le premier a eu lieu à 18 h 55. A ce moment, le magasin « Sadissimo », rue du Commerce, était encore ouvert. Par la porte, des individus ont lancé deux “cocktails Molotov” qui tombèrent au pied des tenancières de l’établissement. Par miracle, ils n’explosèrent pas, sans doute amortis par le tapis. Gardant leur sang-froid, les jeunes femmes eurent le temps d’éteindre les mèches avant qu’il ne soit trop tard.
Peu de temps auparavant, une “alerte à la bombe” avait nécessité une évacuation d’un grand magasin de la rue Nationale. Quoique l’auteur du coup de téléphone qui a prévenu les pompiers soit resté anonyme, il n’est pas interdit de penser qu’il s’est agi d’une manœuvre de diversion destinée à laisser les incendiaires agir librement.
Toujours est-il qu’ils ont pu s’enfuir avant l’intervention de la police, sur une motocyclette aux dires des témoins. Les “bombes” étaient fabriquées au moyen de bouteilles d’apéritif, emplies d’un liquide inflammable et scellées avec du chaterton.
Si le premier attentat échoua, il n’en fut pas de même du second qui visait cette fois le magasin « Eros », rue Colbert. Peu après minuit, trois jeunes gens, coiffés de casques de motocyclistes, fracturaient la vitrine du magasin. Ils jetaient aussitôt une bouteille qui explosa. Une immense flamme blanche brasa toute la pièce en quelques secondes, pendant que les auteurs s’enfuyaient en courant.
Rien n’a pu être récupéré dans la boutique. Mais devant l’étendue des dégâts et la violence de l’explosion, on ne peut que penser à ce qui se serait produit lors de la première agression si les engins avaient fonctionné…
Le groupe » Citadelle «
Les auteurs des attentats ont revendiqué leur geste, dans des termes cités plus haut. Selon eux, le mouvement “Citadelle”, récemment créé, est d’ampleur nationale. Il aurait déjà agi dans l’Ouest. Les actions de samedi ne seraient qu’un coup de semonce, “un avertissement léger”. Groupement se disant de droite, “Citadelle” attend une réaction des autorités. “Si nous n’obtenons pas de réponse, des actions spectaculaires seront faites”, a précisé notre interlocuteur, indiquer par quel moyen et à qui poser la question, ni quelle serait celle-ci.Un troisième attentat
Quelques heures plus tard, un nouvel incendie était provoqué. Mais cette fois dans des conditions différentes et visant domaine très éloigné du premier. Il était 4 h 50 du matin lorsque trois camions garés sur le parking de la caserne Meusnier, à l’angle de la rue Colbert et de la rue Lavoisier, s’embrasèrent.
Les incendiaires avaient pénétré en soulevant un grillage situé juste derrière des véhicules et qui les sépare du chantier de rénovation du château de Tours. Des bidons d’essence furent déposés dans les camions et enflammés, endommageant la plate- forme et les roues arrière.
Les auteurs semblent cette fois sans rapport avec le groupe “Citadelle”. Interrogé à ce propos, à l’occasion de leur appel téléphonique, ses membres nous ont
répondu que “l’armée est le dernier garant de l’intégrité nationale” et qu’ils sont “opposés aux comités de soldats contre lesquels ils comptent lutter.”
Il semble donc probable que les deux actions sont distinctes. La caserne Meusnier est utilisée par des civils venus suivre des cours de préparation militaire. De ce fait aucun “comité de soldat” n’y existe. Mais le symbole demeure.
Ce dernier incident relève de la gendarmerie qui enquête. Pour les deux premiers, une information a été ouverte et la police agit sur commission rogatoire. Dimanche matin, M. Sabourault, substitut du procureur, s’est rendu sur les lieux en compagnie de l’inspecteur divisionnaire Auvray.
A LA ROCHELLE AUSSI : Cocktails Molotov contre une librairie spécialisée
La Rochelle. Trois cocktails molotov ont été lancés dans la nuit de samedi, dans une librairie de La Rochelle, spécialisée dans les ouvrages érotiques.
Le feu s’est immédiatement déclaré, mais la rapide intervention des pompiers a permis de limiter les dégâts et seuls quelques livres ont été la proie des flammes.
Aucun tract n’a été trouvé sur les lieux.

APRÈS LA NUIT “CHAUDE” DE SAMEDI A DIMANCHE
Un groupe anarchiste revendique le troisième attentatTrois attentats dans la même nuit. Deux cibles différentes. Deux origines opposées. Après les agressions commises dans la soirée et la nuit de samedi à dimanche, nous supposions, comme ils l’affirmaient eux-mêmes, que les membres du groupe “Citadelle” n’avaient pas de rapport avec l’incendie de trois camions à la caserne Meunier.
Une lettre adressée hier matin à notre rédaction semble confirmer cette supposition. Signée “Mouvement Anarchiste Libertaire”, elle revendique l’attentat et ajoute : « La liberté passe par la destruction totale des armées bourgeoises et populaires. “Annonçant une suite à ses actions, le “M.A.L.” déclare soutenir les emprisonnés des Etats répressifs”.
Ailleurs qu’à Tours?
Nulle surprise dans cette prise de position. Il aurait été en effet. étonnant que le mouvement “Citadelle”, qui considère l’armée comme “garante de l’intégrité nationale”, se soit attaqué à une caserne. Ses cibles semblent être, jusqu’à présent du moins, uniquement les sex-shops.
Mais si rien ne permet encore d’affirmer que le cocktail molotov qui a partiellement détruit une librairie “spécialisée” à La Rochelle est le fait du même groupe, le rapprochement est cependant possible. Lors de la conversation que nous avons eue avec le représentant de “Citadelle”, celui-ci nous avait fait part d’agressions possibles dans I’Ouest. Sans autres précisions.
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