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« Boite à chansons » Mama Béa Tekielski (29/01/76)

1976.01.27-NRCO.4ADPREa-382x1024 "Boite à chansons" Mama Béa Tekielski (29/01/76)
Nouvelle République du Centre (27/01/76) / Collection : Archives départementales 37 / Numérisation par David Euthanasie
1976.01.31-NRCO.4ADPREa-598x1024 "Boite à chansons" Mama Béa Tekielski (29/01/76)
Nouvelle République du Centre (31/01/76) / Collection : Archives départementales 37 / Numérisation par David Euthanasie

MAMA BEA
Trop de malentendus pour écouter son cri

A Tours, « Mama Béa » s’est ennuyée. A l’exception de quelques-uns, les spectateurs ont fui la violence de sa guitare et sont partis. Les autres n’ont qu’entendu son cri sans l’écouter. Rarement, l’impossibilité de communiquer aura atteint ce stade d’évidence, au point de « vicier » l’atmosphère jusqu’au malaise. C’est que la venue de « Mama Béa » (Béatrice Tekilski) reposait vraisemblablement sur plusieurs malentendus.
Depuis 1968, année où elle gagna le concours de la « Fine Fleur de la Chanson Française (gage en général d’un texte élaboré), la chanteuse-guitariste a radicalement évolué vers une musique de refus, de reniement, où l’onomatopée supplante le mot, où le cri déforme la phrase, où le son se tord sous l’effet de la technique. Cette personnalité violente, agressive, cette volonté de casser le langage, de briser les formes musicales ne pouvaient que déconcerter un public plus habitué au style « bonne chanson française », qu’affectionne Lionel Tardif.
Paradoxalement, l’impossibilité pour « Mama Béa » et son mari Yan More (à la technique) d’exploiter à fond, les ressources de leur sonorisation, trop énorme pour la petite salle du Beffroi, accentua encore le hiatus. Cette ampleur « mesurée » ne pouvait restituer dans sa plaine vérité, les dimensions chaotiques, que Mama Béa veut imprimer à sa musique. Et pourtant, ceux que touchent les éructations de Magny, les déchirement de Catherine Ribéro ne pouvaient qu’être sensibles au travail de Mama Béa.
Malgré des faiblesses, certaine dont une certaine monotonie d’inspiration son exploration du cri, seul signifiant véritable de la violence où nous vivons, peut susciter des vibrations de connivence. Les distorsions que subissent les sons extirpés du ventre de sa guitare électrique, les déformations de sa voix contrefaite en permanence, par les chambres d’écho, la lancinance des thèmes musicaux, se complètent, se super- posent pour rejeter viscérale- ment le monde où nous vivons.
C’est un cheminement qui nie toute démarche intellectuelle, et balaie « la poésie qui endort ». Mais, le public tourangeau aime la poésie. Dégoutée, Mama Béa va se mettre au rock, puisque çà marche. Elle sait qu’alors, elle sera comprise et ne crèvera pas de faim.
M.C.

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