
Stinky Toys, Angel Face (04/07/76)
Stinky Toys, 4 juillet 1976 : le premier choc punk à Paris
En ce début d’été 1976, une poignée de passionnés tentent de donner une impulsion à une scène rock encore embryonnaire à Paris. Le Théâtre des Blancs-Manteaux (anciennement Pizza du Marais), situé au cœur du IVe arrondissement, accueille chaque dimanche soir de juillet une série de concerts placés sous le signe du rock français. L’initiative, portée par Rock News, vise à offrir une scène aux jeunes groupes, à une époque où les opportunités de se produire restent rares.
Le dimanche 4 juillet, la première soirée affiche complet. À l’affiche : Angel Face et Stinky Toys. Selon plusieurs sources, le groupe Stryke Up était également annoncé, bien que sa présence effective ce soir-là reste sujette à caution. Il pourrait s’agir d’un changement de dernière minute, ou d’un groupe différent de celui mentionné dans Rock News quelques mois plus tôt.
Quoi qu’il en soit, c’est surtout la prestation de Stinky Toys qui marque les esprits. Le groupe, alors inconnu du grand public, se produit pour la première fois sur scène dans sa formation complète : Elli Medeiros au chant, Jacno (Denis Quilliard) à la guitare rythmique, accompagné de Bruno Carone (guitare solo), Albin Dériat (basse) et Hervé Zénouda (batterie). Leur énergie brute, encore maladroite mais déjà singulière, séduit une salle curieuse et attentive.
Dès ce premier concert, le tandem formé par Jacno et Elli attire l’attention. Le jeu de guitare du jeune Jacno, 19 ans, se distingue par des riffs incisifs et maîtrisés, mêlant les influences de Chuck Berry, Pete Townshend ou encore Keith Richards. Elli, 20 ans, offre une prestation instinctive, parfois vacillante, mais déjà habitée d’un charisme singulier.
Leur association donne naissance à un son encore inclassable, à mi-chemin entre les racines du rock’n’roll et les prémices d’un punk français au ton plus esthétique que revendicatif.
Le succès de cette première soirée n’aura malheureusement pas de lendemain. Dès le week-end suivant, les concerts sont annulés en raison de plaintes pour nuisances nocturnes, dans un quartier encore peu enclin à accueillir la montée d’un son électrique et urbain. L’élan tenté par Rock News est stoppé net.
Malgré ce revers, les Stinky Toys connaissent un début de reconnaissance fulgurant. À l’automne, ils sont invités à jouer au 100 Club Punk Festival de Londres, aux côtés de figures fondatrices comme les Sex Pistols, The Clash ou Siouxsie and the Banshees. Ils seront le seul groupe non britannique à s’y produire. Leur apparition attire l’attention de la presse musicale anglaise, et marque une rare percée française sur la scène punk naissante.
Ce premier concert du 4 juillet 1976 restera comme un jalon symbolique du punk en France. S’il ne lança pas immédiatement une scène durable à Paris, il révéla un groupe au potentiel singulier et posa les bases d’un style nouveau. À travers Elli et Jacno, les Stinky Toys ouvrirent une voie alternative à l’expression musicale française, entre énergie brute et esthétique libre.
+ Théâtre des blancs manteaux au 15 rue des blancs manteaux à Paris (75004)
ROCK A LA PIZZA :
Une bonne occasion de tromper l’ennui des soirées de juillet pour ceux qui reste à Paris. Le théâtre des Blancs Mentaux (ex Pizza du Marais) organise des soirées Rock les dimanches soir du mois de juillet. Heureuse initiative car l’on sait le mal qu’ont les groupes de Rock français à pouvoir se produire sur une scène. Les festivités commenceront le dimanche 4 juillet à 20 h 30 et se renouvelleront tous les dimanches à la même heure. Plusieurs groupes passeront durant ces quatre set tel ANGEL FACE dont nous parlions plus haut, STYNKY TOYS et STRYKE UP ce dernier avec une formation différente de celle qui figure dans le n° 4 de Rock-News. Le marais va-t-il devenir le Bowery parisien cela ne dépend que de vous. Il serait peut-être temps de créer une scène Rock à Paris, alors… THEATRE DES BLANCS-MENTAUX (ex pizza du Marais)
15, rue des Blancs-Mentaux. Paris 4°. Entrée 15 F. Trois groupes chaque dimanche soir.Rock News n°6


Le premier concert d’Angel Face et de Stinky Toys à l’ex-pizzeria du marais rebaptisée Théâtre des blancs manteaux s’était trop bien déroulé: salle comble, public réceptif. Malheureusement l’initiative de Rock News n’eut aucune suite: Nuisance Nocturne. Cette partie du marais, dite résidentielle, n’a pas l’intention de voir le rock s’infiltrer dans ses fondations. Mille excuses à tous ceux qui se sont dérangés pour rien les week-end suivants. Mais le bilan reste positif.
STINKY TOYS leur premier concert et leur premier succès: Stinky Toys c’est avant tout le tandem Jacno/Elie. Jacno 19 ans guitare rythmique et compositeur de la totalité de leur répertoire est l’exemple parfait du guitariste de la troisième génération: il a tout assimilé sans complexe (rare !) Chuck Berry, Townsend et bien sur Keith. C’est une véritable boîte à riffs, juteux, cinglants, élastiques. Si Jacno monte sur scène c’est avant tout pour nous faire danser. Son Rock n’roll n’est pas destiné aux imbéciles qui crient « assis » pendant ce genre de concert. Elli 20 ans ne sait toujours pas très bien ce qui lui arrive lorsqu’elle se trouve en face d’un micro et c’est bien naturel puisqu’elle n’a donné à ce jour que deux concerts avec les Toys. Mais moi je sais très bien ce que j’ai ressenti, la même chose que lorsque j’ai découvert Brian et Mick sur scène en 64 avec en plus la peur de ce petit bout de femme qui, heureusement pour nous va toujours trop loin. Nous avons la chance de posséder quelque chose de complètement original. Le couple parfait du Rock and Roll des années 70: une grande chance et un miracle qu’il ne tient qu’à nous de conserver et d’apprécier. Car il ne faut pas vous faire d’illusions, si nous ne réagissons pas assez vite, ils iront à Londres ou déjà on aimerait les accueillir, et puis il y’a aussi les USA et là où les Variations à bout de souffle ont presque réussi ll ne subsiste aucun doute dans mon esprit les Stinky Toys s’imposeront. J’espère bien que nous y veillerons tous. Entre deux écoutes de Soul Survivor allez donc voir les Toys (les 24 et 26 septembre au Chalet du lac, Vincennes). Angel Face, lui semble avoir choisi une voie bien plus rigoureuse encore: Seule l’électrocution de la totalité des membres du groupes (pourrait et je ne garantis rien) les ralentir dans leur œuvre de destruction. Comment décrire « Ritton le Riff »” impossible, et ce bassiste monumental, idem désolé. A côté de leur entreprise l’hymne américain interprété par J. Hendrix ressemble à un aimable gazouillis.Dominique TARLE – Rock News n°7
STINKY TOYS : Elli Medeiros (chant), Bruno Carone (guitare), Jacno (guitare), Albin Deriat (basse), Hervé Zénouda (batterie).
ANGEL FACE : Henri Flesh (chant), Riton Angel Face (guitare), Julien Regoli (guitare), Pascal Regoli (basse), Hervé Zenouda (batterie).
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