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Rock News n°7 (09/76)

Le premier concert d’Angel Face et de Stinky Toys à l’ex-pizzeria du marais rebaptisée Théâtre des blancs manteaux s’était trop bien déroulé: salle comble, public réceptif. Malheureusement l’initiative de Rock News n’eut aucune suite: Nuisance Nocturne. Cette partie du marais, dite résidentielle, n’a pas l’intention de voir le rock s’infiltrer dans ses fondations. Mille excuses à tous ceux qui se sont dérangés pour rien les week-end suivants. Mais le bilan reste positif.
STINKY TOYS leur premier concert et leur premier succès: Stinky Toys c’est avant tout le tandem Jacno/Elie. Jacno 19 ans guitare rythmique et compositeur de la totalité de leur répertoire est l’exemple parfait du guitariste de la troisième génération: il a tout assimilé sans complexe (rare !) Chuck Berry, Townsend et bien sur Keith. C’est une véritable boîte à riffs, juteux, cinglants, élastiques. Si Jacno monte sur scène c’est avant tout pour nous faire danser. Son Rock n’roll n’est pas destiné aux imbéciles qui crient « assis » pendant ce genre de concert. Elli 20 ans ne sait toujours pas très bien ce qui lui arrive lorsqu’elle se trouve en face d’un micro et c’est bien naturel puisqu’elle n’a donné à ce jour que deux concerts avec les Toys. Mais moi je sais très bien ce que j’ai ressenti, la même chose que lorsque j’ai découvert Brian et Mick sur scène en 64 avec en plus la peur de ce petit bout de femme qui, heureusement pour nous va toujours trop loin. Nous avons la chance de posséder quelque chose de complètement original. Le couple parfait du Rock and Roll des années 70: une grande chance et un miracle qu’il ne tient qu’à nous de conserver et d’apprécier. Car il ne faut pas vous faire d’illusions, si nous ne réagissons pas assez vite, ils iront à Londres ou déjà on aimerait les accueillir, et puis il y’a aussi les USA et là où les Variations à bout de souffle ont presque réussi ll ne subsiste aucun doute dans mon esprit les Stinky Toys s’imposeront. J’espère bien que nous y veillerons tous. Entre deux écoutes de Soul Survivor allez donc voir les Toys (les 24 et 26 septembre au Chalet du lac, Vincennes). Angel Face, lui semble avoir choisi une voie bien plus rigoureuse encore: Seule l’électrocution de la totalité des membres du groupes (pourrait et je ne garantis rien) les ralentir dans leur œuvre de destruction. Comment décrire « Ritton le Riff »” impossible, et ce bassiste monumental, idem désolé. A côté de leur entreprise l’hymne américain interprété par J. Hendrix ressemble à un aimable gazouillis.
LABORDE: Un curieux cocktail de juillet.
Imaginez une clinique anti-psychiatrique située dans l’un des ravissants châteaux du Loir et Cher, organisant dans son parc à l’intention des patients et des indigènes, une kermesse ainsi qu’un festival regroupant aussi bien Areski/Brigitte Fontaine, Siegfried Ressler, Bijou, Next ? Jean Pierre Kalfon, Valérie Lagrange et bien sur Stinky Toys: Inondez le tout de soleil et noyez le reste dans de la Valstar étiquette verte. Clémenti rode caméra au poings. Enfin le soleil se couche et les Toys entrent en action: « Funny death »:
« Drinking all night
drinking all day
I did’nt choose this tiring life
But l’ve choosen this funny death »
Un à un le public des p’emiers rangs dépose ses chaussures sur 1a scène et l’herbe du parc se transforme en poussière. Un invraisemblable reprise de « Substitute » point final et Bijou entre en scène. 3 Rockers habiles « qui savent vous faire du bien”. Cette fois çi pas d’échappatoire les paroles sont en français:
« Je vous hais je vous déteste
tous les gradés tous les salauds
je vous hais je vous déteste
de vous on va se débarrasser… »
Le lendemain Jean Pierre Kalfon: Yan Jeff et J.P. Bellanger prendront les étoiles dans les cisailles d’un rock agressif et rigoureux mais sans explication leur nouveau batteur abandonnera la scène dommage… leur reprise d’un vieux classique tel que « Grown up wrong » des Stones: un délice.
À bientôt Jean Pierre et n’oublie pas de nous tenir au courant. Nous tenons tous à présenter nos remerciements à Félix, Françoise et Dominique pour la qualité de leur organisation et la chaleur de leur hospitalité. Et puis si je me suis amusé comme un fou pendant ce weekend prolongé à Laborde, c’est grâce à eux car les Toys sur scène, ce n’est pas simplement un groupe qui effectue son travail pour survivre ou un aimable divertissement pour combler ce que les technocrates appellent nos loisirs. Non les Toys délivrent leur message pied au plancher: que la fête commence et qu’elle ne s’arrête plus… Car nous n’avons pas quitté Laborde si rapidement, il y’a eu… mais c’est une autre histoire.
Stinky News: Malsain et sauf « Entre deux répétitions Jacno s’est présenté dans un état de dégradation surprenant à cette galère fort redoutée de tant de jeunes musiciens: Les 3 jours au Port de Vincennes. Ayant d’emblée réclamé au sergent recruteur le commandement d’une armée (??) a des fins personnelles, celui-ci lui conseilla fort a propos d’aller se faire soigner a condition que ce fut chose possible.
À noter qu’ils participeront a un festival à Londres probablement le 20 ou 21 septembre au CLUB 100 avec Clash, Sex Pistols, Buzzcocks, Damned. . . . voir chronique le mois prochain.

Dominique TARLE – Rock News n°7

1976.09-Rock-News-7-Bruno-BoussardPRE222-439x1024 Rock News n°7 (09/76)
Rock News n°7 / Collection : Bruno « Nuit vaudou » / Numérisation par David Euthanasie

Cela devait arriver: ASPHALT JUNGLE est enfin prêt. Rockers, junkies, petites filles en fugue, dealers et punks en tous genres: vous avez désormais votre …Et c’est promis: ASPHALT JUNGLE ne. loupera pas une occasion de rebalancer «get off my cloud», «waitin’ for the man» ou «go bobby soxer» aux nuits de Paris. Et c’est promis: ASPHALT JUNGLE fera trembler la grande ville.
Vous en doutiez vous? ASPHALT JUNGLE est tatoué à mort par tous ces héros pour lequel PATRICK EUDELINE s’est tant battu: Les Stones de Brian J. à jamais et pour toujours; Bo Diddley le méchant shériff; Chuck Berry; lggy, le bon vieux phantasme:; l’auriez vous deviné ?
Lou Reed… Et qui est cet Asphalt Jungle qu’Eudeline à fini enfin par réunir après avoir réussi le tour de force de rester à peu prés en vie? Oh… il y a François Lyodd, guitare, un gallois qui rencontra Brian Jones à treize ans et ne s’en remit jamais; presque plus déglingué qu’Eudeline lui même… Il y a Rikky Darling, un soliste très high-class dont le rocker préféré reste à jamais Lucky Luke. «Skunky», un batteur
vampire macho-macho dans son cuir noir qui ne répugne pas à quitter se batterie en plein milieu d’un morceau pour — impassible — venir cogner le dernier des Asphalt Jungle encore debout. Il y a Dorian, harmoniciste expert en hôpitaux psychiatriques en tous genres. Et Eudeline, chant guitare, perdu dans ses légendes et ses héros, qui a décidé une fois pour toutes d’aller jusqu’au bout. Sinon A quoi bon? Oh! Asphalt Jungle ne fait rien à moitié. Tous en boots Annelio & David, guitares « Rickenbacker ou Vox, cuir noir ou velours Granny’s. Des Français assez ravagés pour écouter Elmore James et Otis Redding toute la nuit, et vivre le rockanroll dans le moindre de ses détails.
Que chante donc Asphalt Jungle? la Ville, ses héros, ses paumés et ses légendes. En auriez vous douté? Et Eudeline n’hésité pas à écrire des chansons sur Sam Cooke ou Charles Manson. De belles histoires (en Français, souvent) Eudeline chante pour vous: Votre vécu, kids…
Et l’autre soir, au Gibus, une bâite assez borgne pour que jadis, les M.C. 5 et les Pretty Things aient acceptés de s’y perdre, ASPHALT JUNGLE a balancé un de ces shows dont on se souvient. Tous, ivres défoncés, pupilles-laser et narines en lambeaux. Ils ont commencé par un « waitin’ for the man » encore plus déglingué que les prémiéres versions du Velvet. Eudeline, à genoux, revisitait le manque et les autres, tordus sur leurs guitares, faisaient déraper le vieux riff.
Asphalt Jungle en fait beaucoup sur scêne…Et ceux, qui ne quittaient pas la boite horrifiés, faisaient le tri de leurs évocation: Stooges, Velvet, Dolls, Patti Smith, Alice Cooper. Trop raides pour se soucier de mise en place, Asphalt Jungle ne balança bientôt plus que des hoquets de larsen sur le riff de Bo Diddiey. Et chacun de danser ou de sérieusement flipper quand François Lyodd déboulait « you really got me » au milieu de « sweet little rockanroller »… Pour ASPHALT JUNGLE, les concepts de virtuosité, de respectabilité sont pour le moins inconnus. Eh, oui, ils en l’ont trop. Bien sur qu’ils en font trop. Et l’outrage alors?

PATRICK EUDELINE – Rock News n°7

1976.09-Rock-News-7-214x300 Rock News n°7 (09/76)
Rock News n°7 / Collection : Bruno « Nuit vaudou » / Numérisation par David Euthanasie

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