+ Club Saint-Pierre à Rouen (76)
WARM GUN A ROUEN Le club des St Pères est un endroit fort prisé des freaks de Rouen : situé en fait à une vingtaine de km de la ville, en pleine campagne, elle a toute l'allure d'une grange. N'allez pas croire pour autant que les «bourrées» y prédominent : ici on danse aux disques des Pistols, Stones, Stooges, etc… Ce fut donc un régal pour nous de sortir du «Paris-Maquis» quotidien pour découvrir un endroit où les kids s'éclatent, sans craindre de se faire défoncer le crâne dans un hypothétique arsenal/chambre des tortures. Ici, ils en veulent et vont jusqu'à faire cette vingtaine de km à pied tous les week ends pour avoir leur ration de rock nécessaire. Ce soir là, Warm Gun tenait la scène et nous a donné un excellent concert à mi-chemin entre la New Wave et le hard-rock. Les morceaux ont un rythme assez lent, «auto-contrôlé» : on ressent l'impression d'une énergie prête à éclater à tout moment mais que le groupe canalise, en la distillant à petites doses. Cette démarche n'est pas sans rappeler des groupes américains comme Talkin Heads ou the Void-Oids. En ce sens, Warm Gun est l'un des très (trop) rares groupes français, avec Marie et les Garçons et Asphalt Jungle à chercher «autre chose» à essayer de se démarquer totalement de nos vulgaires imitations punks`(starshooter) et de nos lourds hard-rockers (Boogaloo Band, Magnum). De plus, et c'est loin d'être négligeable, les membres du groupe sont d'excellents musiciens, d'où un potentiel électrique EFFICACE et une cohésion d'ensemble remarquable. Je regrette cependant certains maquillages de scène artificiels et vulgaires en complète contradiction avec toute image que peut susciter leur musique. Après le set de Warm Gun, Larry Martin, quelques membres de son Factory et de Bulldozer (vu récemment au Gibus et dont un LP sort très prochainement) ont fait une jam insensée. Larry musicien FANTASTIQUE dont on regrette la rareté de ses concerts nous a donné là une grande leçon d'humilité en jouant des classiques de R'n'Roll et du R'n'B (dont «you can't control me) en jouant pour 20 personnes (dont 17 anéanties par le whisky-coca). Pourquoi n'assiste-t-on jamais à Paris entre les punks et les hard-rockers qui traînent leur ennui entre la rue du faubourg du Temple et la rue Drouot sans oser aborder la scène ? Pour en revenir à Warm Gun, donc, un album est prévu pour bientôt. Le groupe par ailleurs a quitté définitivement Isadora et si leur galette prochaine de vinyl est du niveau de ce concert… AAARGH ! Robert Schlock (Rock’n’roll Musique)