+ La Cigale à Lyon (69)
Organisation : Scorpio – Gratuit
Electric Callas On ne peut vraiment plus décemment ignorer le rock lyonnais : Ganafoul et Factory viennent de sortir des albums remarquables… Starshooter (pour virer sur le punk) fait beaucoup de bruit avec son simple dont la publicité n'a pas pu vous échapper ! Les punks de Mont-de-Marsan semblent avoir découvert avec intérêt Marie et ses Garçons… Par contre, la pluie à la fin du festival les a privés de voir Electric Callas. Callas a pourtant été le premier groupe lyonnais "pure punk" et on avait pu les voir dans leur formation originelle pour la première partie des Flamin' Groovies en novembre 76… Un an déjà ! Deux concerts punks se disputaient l'affiche lyonnaise ce lundi 24 octobre. L'annulation de celui des américains d'Electric Chairs (dommage !) fut sans doute très à l’avantage d’Electric Callas.
La Cigale, petite salle plutôt spécialisée dans l'opérette bon marché, n’en était pourtant pas à sa première expérience punk (il y avait eu les Ramones et Damned au printemps), mais jamais l'invasion n'avait été telle… de par la quantité comme de part la "qualité": de plus en plus de boucles d'oreille, de badges, et tout ce qu'il faut pour faire de vrais punks… Il faut dire aussi que, dans un but promotionnel, le concert était gratuit ! Fait rare à Lyon. "Tant qu'a faire de perdre de l'argent…" étant l'explication donnée par la nouvelle association "Scorpio". Bref… K'Rock Mort d'abord. Ils ont fait de drôles de progrès… Heureusement. Tout de même, ça reste encore bien amateur ! Même la défonce du guitariste ne passe pas… J'apprendrai par la suite qu'il était vraiment beurré et qu'on lui reproche d'avoir bousillé pas mal de matériel neuf. Comme quoi la vraie défonce, ça eut payé… Passons sur la projection d'un film encore plus amateur et suffisamment minable pour ne pas être discutable (images du nazisme acclamées par pure dérision…). Electric Callas s'empare donc d'une atmosphère très chaude. sinon lourde, bien qu'on ait vidé quelques extincteurs pour se rafraichir… Les musiciens ont changé, et les nouveaux venus, surtout le guitariste et le bassiste "font" vraiment très punks et très pro à la fois (tiens, ça ne doit pas être si contradictoire !). Ce sont respectivement Johnny Fame, recruté en Suisse, et Frankie Fender (Il qu'on soupçonne d’être un disciple de Captain Sensible. Avec Jim Money aux drums, la machine grince comme il faut… Reste Jangil Callas, le vocaliste vous l'aviez compris, un cas. Très myope. Pale. Plutôt maigre. Émule d'Iggy Pop dont il a depuis longtemps assimilé toute la folie. N'hésitant jamais a aller "au bout de son rôle", même s'il faut au passage distribuer quelques coups de pied dans les premiers rangs d'un public qui ne le suit pas toujours ! Ceci dit. Jangil n'hésite pas en revanche a prendre des risques, même a son échelle de "fausse-star", par exemple après en se laissant carrément tomber dans cette même foule ! "This song is dedicated to Andreas Baader"… Pour une fois, il a fait l'effort de sortir autre chose que des "fuck off" ou autres délicatesses entre deux morceaux. Après maintes péripéties scéniques, "I wanna be your dog", qui avait servi d'intro est rejoué en dessert. C'est un peu l‘hymne de Callas : la boucle métallique est refermée. Le public ne sait pas bien s'il est en train d'acclamer ou de conspuer. Difficile a dire. Échec dérisoire ou triomphe précurseur d'une gloire enfin reconnue ?? On reste sur un gout étrange… Né surtout de l’ambiguïté dans l'attitude de Jangil : difficile d'adhérer a sa "folie" pour des mecs qui n'ont connu les Stooges que d'assez loin et qui restent assez étrangers a son trip nihiliste, même s'ils s'affichent comme punks purs et durs. De toute façon, french punks, vous allez pouvoir vous faire une idée par vous-même et en dehors de toute cette mauvaise littérature : Electric Callas doit en effet partir en tournée avec Volcania, gang de punks parisiens. Les "stars" vont gouter a la route et on leur souhaite bien du courage ! SERGE DUMONTEIL Rock en Stock n°8