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« Europe rock 80 » (07/03/80) Téléphone, 12°5 et Jungle’s Feraille

+ Pavillon Baltard au 12, avenue Victor Hugo à Nogent-sur-Marne (94130)

Dans les loges du Pavillon Baltard, tout le monde s’écroule. Pas pour longtemps ; Téléphone passe en cavalant, c’est leur tour. Moi j’ai relativement envie de souffler avant d’attaquer autre chose ; faut vraiment que je digère les nouveaux 12°5 sur scène. Avant le disque, j’étais sceptique quant à leurs facultés à rendre sur du vinyl le feeling qu’ils dégageaient sur scène. Après ce premier concert poststudio, il faut bien admettre que 12°5 c’est la qualité garantie tout emballage.
D’ailleurs, en ce qui concerne le disque, ils ont été comblés : Michel Zaccha aurait difficilement accepté de se planter sur un disque qu’il réalisait du début à la fin.
En janvier, la Bretagne avait adopté une température niveau zéro ; les studios DB, creuset de Marquis de Sade, accueillaient le groupe de Paris 14e pour le temps d’un enregistrement. Ayant poussé la porte capitonnée, j’entendis Olivier, le guitariste, s’inquiéter des vocaux de Josse: « Une grosse voix de mâle là-dessus, qu’est-ce que t’en penses ? » Et elle de répondre, planquée derrière la vitre et les micros : « J’ai froid aux pieds, moi ! C’est bien joli d’enlever mes santiags ‘pour que ça ne résonne pas sur le parquet, mais je caille. « Ah bon. J’ai Envie » fut donc fait dans ces conditions ! Quand Zaccha envoya les instruments sur « Je Te Connais », la voix inhabituellement douce et féminine (ouh, quel mot !) de Josse avait des inflexions complices et feutrées que je ne lui connaissais pas. « Car je t’ai vu dormir, et juste après, je t’ai senti frémir.. » C’est le moment que choisit Hughes de Courson, le PDG de Ballon Noir, discrètement affalé sur un divan, pour me glisser à l’oreille, ému, que cette nénette avait « un don pour toucher directement au ventre quand elle chante » C’est en dehors de sa présence physique, ça passe aussi bien par des formules magnifiques que par ce qui devrait choquer et se contente d’être émouvant. » .
Je devais avoir l’air particulièrement absorbée quand Bud, autre guitariste, me tapa sur l’épaule : « Alors Armèle, ça va ?.— Oui, j’étais en train de réfléchir à la signification profonde des paroles de Josse. Oula ! Moi y a longtemps que j’y ai renoncé. » Sur ce, faut pas trop fantasmer, c’est vrai , Josse rappliqua et mit les choses au point : « Je n’ai pas l’ambiguïté de Sapho qui chante des trucs style « nous les femmes on nous fait chier, à bas les machos », et qui dans le même temps a des jeux de scène très aguichants, une épaule découverte et des yeux langoureux. Moi je ne joue pas ce jeu là, chacune
son truc. »
Quel jeu jouent-ils, en effet, les 12°5, lorsqu’ils s’affublent de l’étiquette Novo Vulgaire ? Quel jeu jouent-ils lorsque derrière la chanteuse qui vitupère sur « Machin », provocatrice en diable, déboussolant les premiers rangs du public par ses rires et ses invites verbales, ils assurent imperturbablement leur rock ni rétro, ni chic, ni nouveau et intéressant, seulement impeccable ? Ca risque de flamber pour ce groupe qui s’est quand même fait un nom dès l’année dernière.

Gig n°5 (04/80)

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