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« Dehors – Dedans » (10/06/83)

VENDREDI 10
RUE : JOHN GUEZ, 15 h, Carreau des Halles
ZOUZOU, 15 h, place de la Victoire
CHAMP LIBRE, 15 h, place A.-France
FLUP EN JU, 15 h, place des Carmes
JOHN GUEZ, 18 h, place des Joulins
URBAN SAX, 21 h 30, rue Corneille

SALLE : ZOUZOU, 20 h 30, Bateau Ivre
URBAN SAX, 22 h, Théâtre Municipal

« URBAN SAX » : oh ! la, la !…

La nuit d’ouverture du premier festival « Dehors-Dedans » s’est inscrite dans les mémoires. Inoubliable, surprenante, inattendue. L’« Urban Sax » des grandes cérémonies (sommet de Versailles, biennale de Venise, excusez du peu !) c’est quelque chose. L’extase du genre « Oh ! la, la ! »

Par les fenêtres, sur des « Fenwick » enfumés, en ambulance, ils sont arrivés, rue Corneille, anonymes dans leurs combinaisons blanches. Petit à petit, la folie dans la rue. Et cette musique lancinante, qui se répète à n’en plus finir avant de se perdre à jamais dans un univers de songes fantastiques.

On ne peut oublier le Grand Théâtre totalement investi par une cinquantaine de musiciens-comédiens, amants de l’espace : l’« Urban Sax » a repris son puzzle mélodique, assemblant méthodiquement les morceaux de partitions. Sur fond de décor antique, l’invasion de ces extra-terrestres nous plonge dans les enfers du surréalisme, avec un rien de délectation pour les corps frémissants, les bruits quotidiens du vent pirouettant dans un délire cosmique contagieux.

Retour sur terre : le public applaudit à tout rompre. Des bravos presque insolites pour ce voyage au bout du monde. Des rappels à la pelle, Urban reprend du sax. Un, deux, trois morceaux, et nous quitte comme il était venu. Les allées du Grand Théâtre, dépoussiéré en un clin d’œil, puis le hall où résonnent les sons du temps futur, et à nouveau la rue Corneille.

Ils dansent encore et jouent toujours, quand brusquement c’est la débandade. Nouvelle frénésie de l’urbaniste blanc qui se perd dans la pénombre, à perdre haleine. « Ils vont à la préfecture », crie un inconnu. Et trois cents inconnus entament une course-poursuite complètement dingue, après un drôle de car dans lequel s’évanouissent les poètes lunaires. Il aurait fallu les retenir, c’est vrai ! Mais retient-on un rêve ?

Loïck Gicquel – Nouvelle République du Centre (13/06/83)