
« Fête de la musique » (21/06/83)

LA JOURNÉE DE LA MUSIQUE
Tout se jouera ce soir !
Avec tambours et trompettes, tous les musiciens de Tours sont invités ce soir à descendre dans la rue, à envahir les jardins, pour l’amour de la musique. Un concerto pour le solstice d’été, une manière de symphonie improvisée. Les habitués des cliques et des fanfares seront, en nombre, de la fête.
La musique municipale et la musique de la XIIIe division militaire donneront un grand concert au jardin des Prébendes, à 20 h 45, avec au programme des hors-d’œuvre variés pour tous les goûts.
L’ensemble vocal Jacques Ibert (foyer Courteline) a choisi aussi un jardin, celui du musée, pour sa prestation à 19 h 30, qui sera suivie d’un grand récital d’orgue de Gérard Proust à la cathédrale. Les badauds suivront à coup sûr la chorale qui se rendra mezzo voce dans le vieux Tours.
Loin des orchestres, quelques solistes ont déjà annoncé la couleur. William Bocquet, le forgeron de Sainte-Catherine, a troqué la flûte pour une enclume. Il présentera son nouveau spectacle, « la Forge enchantée », à 21 h, place de la Victoire. Sonate pour marteaux et enclume !
Les rockers ne seront pas en reste. L’Amphi, le nouveau haut lieu des vibrations électriques, rue Edouard-Vaillant, a décidé d’ouvrir ses portes à partir de 21 h à tous les styles de musique. Quant les vieux routiers du rock’n roll et les jeunes gens modernes de la « new wave » font de l’œcuménisme auprès des groupes de folk, des chanteurs de variétés, sans oublier les jazzmen, la nuit risque d’être trop courte.
Voilà pour ceux qui ont annoncé la couleur. Mais, comme l’année dernière, la journée de la musique risque de naître de l’improvisation au hasard des rencontres. Ce soir, la musique sort de ses murs. Décidément, la culture est sur le trottoir !
+ L’Amphi au 146, rue Edouard Vaillant à Tours (37000)

FÊTE DE LA MUSIQUE : DEHORS ET DEDANS
Un gros coup de tonnerre, une averse pas piquée des hannetons et en avant la musique ! Un scénario dans ce genre n’aurait pas déplu, vu l’état des nuages, hier soir, sur les coups de 18 h 30. Mais pensez donc, les roulements furent à répétition, et la pluie ne cessa de faire des couacs. Les Prébendes gorgées d’eau, impraticables pour la musique municipale et celle de la XIIIe. Le jardin du musée, identique. L’ensemble Jacques Ibert s’est abrité sous les voûtes de la cathédrale, alternant avec l’organiste G. Proust. Mais qu’importe, il fallait respecter le calendrier.
Alors, petit à petit, et un peu partout, les formations se formèrent au petit bonheur dehors et dedans. Ça vous rappelle quelque chose. Un groupe de jazz et un ensemble de percussions rue Nationale, tandis que se baladait un drôle de camion avec des gens dedans. Et qui tapaient, qui tapaient sur des bidons…
Mais incontestablement le plus gros de l’animation, c’était entre la place de la Victoire et la place Plumereau. De tous les genres, pour un public venu en grand nombre. On a retrouvé Jacques Ibert et sa chorale, Michel Audureau superbe dans ses chansons de rues (toujours accompagné par le groupe Puisque c’est pas fini), pas mal de folkeux aussi, et quelques nostalgiques des camps de vacances plus William Bocquet et ses Tambours à enflammer une boîte.Le temps que voulez-vous !
Alors là, à l’amphi pas pardonna- ble. “Y’a pas le feu”, disait le chanteur. Bon, on veut bien, mais ce n’est qu’après 23 h que les premiers accords résonnèrent dans nos petites oreilles. À cette heure, la pluie reprenait son lancinant voyage, et, place Jean-Jaurès, une fanfare de bicyclettes libéraient ses timbales en donnant à cœur joie. Ils ont croisé des gens bizarres qui dansaient sur l’impossible. Qui se livraient à une ronde…En passant comme ça un air de jazz s’est fait reconnaître. Dans un café de la rue Gambetta Michaud fils attaquait son sandwich-chiarinetto… Un petit apéritif. Puis, à 1 h 09 l’été est arrivé.

SOURIRES D’UNE NUIT D’ÉTÉ
« La Forge enchantée », la sonate pour marteau et enclume jouée l’autre soir sous la pluie tourangelle, témoigne assez bien de la vitalité et de l’originalité (quelquefois douteuse, notamment à Paris) de la Fête de la musique. Béatrice Houchard et Pierre Favre donnent leur avis en dernière page.
(Photo « N.R. » – Marcel Esteban)