
« Les Enfants du Rock » (22/10/83)

ROCK
La fièvre de Bordeaux« Oui, le rock est vivant à Bordeaux, et peut- être plus qu’à Paris. Parce qu’il change tout le temps, sans perdre son identité. Et parce qu’il est présent, tous les jours, dans la vie et dans le cœur des jeunes Bordelais, de 12 à 45 ans », déclare avec emphase Alain Dister, co-auteur avec Michel Vuillermet du reportage proposé par « Les enfants du rock ».
L’histoire du rock bordelais commence avec l’apparition d’un groupe appelé Strychnine au festival de Mont-de- Marsan durant l’été 1977. « Les punks anglais tout frais sortis du moule » s’apercevaient que « les bouffeurs de gre- nouilles étaient aussi capables de jouer du vrai rock and roll, parfois mieux qu’eux », nous dit encore Alain Dister.
Mais l’histoire de Strychnine, comme celle de nombre de groupes français, tourne court. La formation éclate, et donne naissance à d’autres qui, en hommage au pionnier, adoptent toutes des noms qui commencent par « ST ». Il y aura Standards, Stalag, Stilettos, Sto et quelques autres… Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Kick, le chanteur de Strychnine, a trouvé enfin la reconnaissance de ses pairs. Le rock à Bordeaux, c’est sur- tout lui, à la tête de son nouveau groupe. Mais il y a aussi Standard et Stilettos, qui maintenant, avec les Owls, la tradition du rock bordelais. Il y a encore les Stagiaires, archetypes du rock adapté à la ST : à ST rock ou à ST travail. Si le rock ne marche pas, ils pourront toujours trouver l’emploi auquel les préparent leurs études. Ce qui ne sera pas le cas pour Parfum de Femme : pour eux, c’est le rock ou les docks.
La rencontre, sur les quais, des deux groupes illustre la disparité de classes : en surface, un monde poli, bien ha- billé, « une bourgeoisie tranquille » comme dit le chanteur très stylé de Baby Boom. En dessous, des couches labo- rieuses, fils d’immigrés espagnols ou portugais, avec ses cafés, ses coins du port.
Et puis, il y a les punks de Camera Silens ou de Brigade. Et il y a tous les autres, comme Noirs Désirs ou Gamine, l’un des meilleurs espoirs du rock de Bordeaux. Et Bordeaux, c’est aussi la nuit : les clubs pour dériver dans la fumée d’un blues millésimé signé Art 314, ou pour retrouver la fièvre du gros rock sudiste de Rotten Roll…
● « LES ENFANTS DU ROCK » (A 2, aujourd’hui, 22 h 05).
Rock à Bordeaux – Hey, Kick va où tu crois.. ! » (les Enfants du Rock – Antenne 2)
Reportage de Michel Vuillermet et Alain Dister diffusé le samedi 22 octobre 1983 dans « Les Enfants du Rock » sur Antenne 2. Avec Kick, Camera Silens, Noir Désir