Chargement en cours
×

« Boulevard du rock 1983 » (26/10/83)

970f7ba8-497f-4f0c-bed4-3e338bfbaf33-1-683x1024 "Boulevard du rock 1983" (26/10/83)
camera-silens-concert-02-001-1024x652 "Boulevard du rock 1983" (26/10/83)
Camera Silens : Benoît, Nicolas, Eric / Photo : ? / Collection : Euthanasie / Numérisation par David Euthanasie

Avec : Camera Silens, Oberkampf, Coronados et Snipers

+ Foyer culturel d’Eysines à Bordeaux (33)

Organisation : Rockotone – 45 frs

Camera Silens – Le tournant du Boulevard du Rock

Festival Boulevard du Rock – Eysines, 26 octobre 1983
Organisé par Rockotone

Le 26 octobre 1983, la scène du foyer culturel d’Eysines accueillait une soirée historique du festival Boulevard du Rock, mettant à l’affiche quatre groupes majeurs de la scène punk et rock hexagonale : Snipers, Les Coronados, Oberkampf, et surtout Camera Silens. Cette soirée fut bien plus qu’un concert. Elle marqua un tournant crucial dans l’histoire du groupe bordelais.

Ce soir-là, Camera Silens montait sur scène dans une configuration exceptionnelle. En effet, le groupe venait de connaître une série de bouleversements : le batteur venait de quitter la formation, et le bassiste-chanteur Gilles était incarcéré. Seul rescapé de la formation d’origine, Benoît, guitariste et chanteur, décida de maintenir la date et de monter sur scène coûte que coûte. Il fut accompagné pour l’occasion de deux nouveaux musiciens. Ce fut donc le dernier concert du groupe dans sa configuration en trio, une prestation chargée d’urgence et d’émotion.

Malgré ces conditions extrêmes, Camera Silens fit preuve d’une combativité admirable, galvanisé par un soutien impressionnant du public, jeune et nombreux, qui s’était déplacé en masse pour soutenir ses héros locaux. Le set fut tendu, sans fioritures, porté par une énergie brute. Comme le souligne le journaliste « Ricky Zello » dans son compte-rendu : « Un public populaire. Pour de bon. De ceux qui portent le nom Camera Silens bombé sur les cuirs. »

Ce concert fut aussi un adieu symbolique à une première époque. Une fois Gilles sorti de prison, le groupe entamera une nouvelle phase de son existence. Il délaissera la basse pour se consacrer exclusivement au chant. Éric prendra le relais à la basse, tandis qu’un nouveau batteur viendra stabiliser la formation : Bruno, ancien membre des Brigades. Ce tournant marquera le début d’une nouvelle période pour Camera Silens, plus structurée, plus offensive encore.

NB : le nom du groupe s’écrit sans accent – Camera Silens.

1983.10.04-Prog01-Dominique-B028-718x1024 "Boulevard du rock 1983" (26/10/83)
Programme / Collection : Dominique B / Numérisation par David Euthanasie
1983.10.26-PRE-1006x1024 "Boulevard du rock 1983" (26/10/83)
Presse (26/10/83) / Collection : Euthanasie / Numérisation par David Euthanasie
1983.10.29-PRE-620x1024 "Boulevard du rock 1983" (26/10/83)
Presse (29/10/83) / Article : Patrick Scarzello / Collection : Euthanasie / Numérisation par David Euthanasie

Pour la gloire !

UN MERCREDI SOIR URGENT. Un public participant. Des groupes méritants.

« Beaucoup de groupes, en France, se prennent trop au sérieux ! »

Évidemment, les Coronados ont cette assurance, cette distance souveraine qui leur permettent tout.
Un bassiste prince vampire, un black-batteur qui fut Spoons (mythique pour quelques-uns), un guitariste à la gratte en bois et un chanteur avec une voix si… décavée.
Quelques reprises mais beaucoup de morceaux à eux. Que les fans réclamaient. Une « revanche » dédiée à certains Bordelais maudits (sur la compilation Snap Shot, on n’a pas respecté l’esprit de leur morceau).
On pouvait attendre plus d’artifices scéniques, mais leur aisance était si flagrante, leur set si juste avec
cette rare sérénité qu’il confirma : les Coronados ont la grâce. Et la rapidité.

Pour Gilles

Plus que respectable, le courage de Camera Silens est admirable. Malgré les galères, un batteur qui les lâche, le bassiste-chanteur en taule, ils se devaient de jouer. Pour ne pas décevoir les fans. Qui croient en eux.
On les attendait d’autant plus qu’ils ne s’étaient produits depuis longtemps. Et ils furent impressionnants. Carrément. Ils n’avaient pourtant pas eu beaucoup de temps pour faire bloc autour de Benoît, guitariste-chanteur, seul rescapé de la formation originale. Mais aussi le son du groupe. Un Montpelliérain de leurs amis (Eject) s’est retrouvé à la basse-chant et le nouveau trio s’est battu. Pour vaincre. Pour ce public qui demande tant. Un public populaire. Pour de bon. De ceux qui portent le nom « Camera Silens » bombé sur les cuirs.
Leur set fut, de bout en bout, une claque. « Suicide », « S.O.S. », « Réalité », « Squatt » et surtout ce « Pour la gloire », véritable hymne rejoué en rappel.
Camera Silens a un following exceptionnel à Bordeaux. Il suffit de se souvenir du tournage des « Enfants du rock » à la salle d’Eysines. Seuls les kids s’étaient déplacés. Et mercredi, personne ne s’y est trompé. Les vedettes, c’étaient eux. Ils prouvèrent qu’ils en sont dignes.

Difficile pour les Snipers de passer ensuite. De toute manière, que seraient-ils sans leurs reprises de classiques rock’n’roll qui, évidemment, fonctionnent ? OK pour le goût, mais autant d’application, des textes si peu émotionnels (« le Fiancé de l’institutrice ») n’ont rien de très excitant.

Oberkampf, enfin, a trouvé ce son qu’il cherchait depuis longtemps. Ce coup-ci fut le bon pour lui et pour Bordeaux. Au début des vacances, à Sauveterre, où l’association C.C.S. jouait un rôle vital, son passage fut un crève-cœur. On rêvait d’American Graffiti, ce fut l’Equipée sauvage. Beaucoup mordirent la poussière et Oberkampf se résumait à une fonction de défoulement.

À Eysines, le public était là. De bonnes vibrations en plus. Oberkampf donna un show d’une longueur exceptionnelle. Et très pro. Avec beaucoup de nouveaux morceaux dans la lignée de « Linda ». La patate, une présence étonnante, une voix caverneuse, un set martial. A la Killing Joke.

Après trois rappels, le public criait encore « Camera-Oberkampf ! ». C’est que ce genre de concerts n’est pas un divertissement. Mais un vrai besoin.

Ricky ZELLO.

Camera Silens : Benoît (guitare & chant), Eric (basse), Nicolas (batterie).

ChatGPT-Image-1-juil.-2025-17_20_10-1024x683 "Boulevard du rock 1983" (26/10/83)
1983.10.26-Camera-Silens-Jean-MarcPH03-1024x646 "Boulevard du rock 1983" (26/10/83)
Camera Silens : Nicolas, Eric , Benoît / Photo : ? / Collection : Jean-Marc