
Bernard Lubat (03/06/83)


Lubat’s Follies aux Tanneurs
IL EST FOU CE MEC !À Bourges, il y a deux ans, il a fait les belles soirées de l’Espace Ouvert. Une vingtaine de musiciens des bons — sur la scène, un délire permanent, une musique convaincante. Bref, on découvrait Lubat. Un mec fou à délirer.
Vendredi, salle des Tanneurs, Radio Transistors invitait la tribu Lubat, celle qui avait écœuré pas mal de B.C.B.G. en 78 chez les butirges pas assez biturés. Il avait fallu attendre quatre ans pour que les Berruyers, plus évolués, ou en tout cas plus habitués aux incongruités, acceptent cette compagnie dont on ne saura jamais si elle est bonne ou mauvaise.Le Grand Magic Circus du jazz était donc vendredi à Tours. Si les musiciens étaient aussi gonflés qu’à Bourges, les effectifs s’étaient sérieusement dégonflés. Six personnes sur le plateau, ça fait léger. Ce n’était pas une raison pour que le public joue le même jeu : une demi salle, ça prouve bien que les Tourangeaux ont toujours un temps de retard en matière artistique. Même sur les Berrichons. Un comble !
Bernard Lubat ne pouvait dans ces conditions que servir une sorte d’échantillon de ses « talents ». On peut foutre en l’air une pièce montée à la chantilly avec un gros pétard, tout le monde en prend plein la gueule. Avec des tartelettes, on reçoit quelques miettes sur le revers. Une pichenette du doigt, c’est fini. On ne frémit pas dans son fauteuil. Lubat aseptisé ? P’têt ben : il a moins rôdé durant son récital qu’un certain confrère au fil d’une journée rédactionnelle…
Reste quoi ? Un humour à la Savary (pas le ministre, l’autre), dont les exégètes de l’artiste diront sûrement un jour qu’il permet une distanciation par rapport à l’art musical et en souligne à la fois le dérisoire et la grande pureté. On s’en fout. L’important, c’est que ces blagues de potaches nous fassent marrer et c’est le cas. Reste aussi la musique. Surtout celle de Lubat ; le reste de la compagnie ne paraissant pas tout à fait à la hauteur. Nuance cependant à l’égard du batteur et du saxophoniste dont les noms ont disparu dans la fumée des pétards, qu’ils me pardonnent.
Lubat marche dans le blues. A pieds joints. Il glisse, c’est normal. Il atterrit dans le blues rock, reprend sa liberté (en anglo gascon = free jazz) avant de revenir à son point de départ, via le piano (à bretelles ou non) et la batterie. Il glisse et parfois il dérape. Sa biguine, même torturée, à produit plus de soupe que de vitriol. Détail : le reste n’était pas du même tonneau, et c’était bien beau.
Bon, pour conclure : puisque le snobisme local consiste à découvrir les artistes à deux cents kilomètres et non sur place (avant c’était à la Kâpitale, maintenant c’est à la campagne comprend qui peut). les absents des Tanneurs pourront peut-être se rattraper l’an prochain. Si le Printemps n’est pas pourri.
P. de SARRAN
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