
« Dehors – Dedans » (11/06/83)
SAMEDI 11
RUE : ZOUZOU, 10 h, place des Joulins
ZOUZOU, 15 h, place A.-France
JOHN GUEZ, 17 h, place A.-France
BEAU GESTE, 18 h, place de la Victoire
FLUP EN JU, 18 h, place des Carmes
SALLE : ZOUZOU, 20 h 30, Bateau Ivre
JOHN GUEZ, 22 h, Ducs de Touraine

Si c’est pas de la culture, ça lui ressemble
Le prince de Beaubourg a joué avec une sorcière. Méchant John Guez. Délaisser le parvis de la cathédrale culturo-parisienne pour un carreau des halles tourangeau.
Et nous faire peur avec sa sorcière, qui transforme un jeune homme en crapeau, un second jeune homme en hélicoptère, une dame en reine mère…
Autant le dire tout de suite, John Guez est à la fois tout ça. Le bien et le mal « Superman » et « Gargamelle ». Mais trop intelligent pour assumer l’Histoire, il décharge tout sur un public en état d’hypnose.
Et le passant de hasard, le peintre en bâtiment ou le photographe de service endossent alors l’habit imposé par ce magicien de l’improvisation qui accapare son public pour mieux lui faire épouser un scénario loufoque, délirant. – Dehors – Dedans – ne pouvait rêver meilleure introduction.
Encore que le bruit des voitures, on s’en serait bien passé. Mais dans un peu de silence, les rires fusent. Les petits garçons au premier plan et aussi les grands hilare du fond. John Guez à l’un d’entre eux :
« Tiens, j’ai une idée ». L’autre : « Tiens j’ai une idée ». John Guez : « Eh bien, dis-la ».
Ouah ! le piège. Un comédien de plus dans la petite tête du chef d’orchestre. Qui vous dirige vraiment à la baguette, viole votre intimité et vous débarrasse de toute retenue. La pudeur, dehors ! A se tordre de rire, quand bien même le monsieur en complet trois pièces ne trouve là-dedans rien de bien culturel. Il ne va pas nous remettre sur le tapis l’angoissante question. La culture, c’est ce que vous voulez en faire. Continuez John, si c’est pas de la culture, ça lui ressemble.
Autre comique à quelques mètres de là, Zouzou. Lui aussi ouvre le bal dans un chouette de costume : manque de chance à la même heure que l’autre clown cité plus haut. Arrivé trop tard. Un spectateur pas plus haut que trois pommes vient à mon secours : « Oh ! ben, il est drôle le monsieur. Il fait plein de choses et on sait pas comment il fait tout ça ».
Sculptures-oiseaux
Troisième épisode de cette ouverture. Imaginez la place des Carmes. Un brave monsieur passe à vélo et fronce les sourcils. Il ne comprend pas, mais vous, vous allez comprendre. A hauteur de regard, d’inquiétantes volatiles s’entre-déchirent sur fond de musique primaire. Une légende fantasmagorique prend son envol. S’il n’évidencent pas au rendez-vous, la demi-meute du public non plus. Totalement captivé ou absolument indifférent. Par ces sculptures-oiseaux, de fer et de poésie, ces carillons lugubres, cet arbre-femme, peut-être l’arbre de vie. Flup en Ju Bedryf vient de Hollande et se produit pour la première fois en France. Un Calder de théâtre insolite que l’on retrouvera plusieurs fois tout au long de ce festival, notamment « Dedans » avec l’histoire d’Ivan le Terrible (ou la création du monde mise en fable).
Pareil pour le Zouzou de tout à l’heure, pendant trois soirs au « Bateau Ivre » il présente en parfait état de marche, la plus petite centrale nucléaire. Par contre, si vous avez raté l’Urban Sax de cérémonie, eh ! bien tant pis, c’est trop tard. Ils sont déjà repartis. Leur nuit, de saxophones constellés, demeure inoubliable.
Lundi, de bon matin, c’est promis, je vous en reparle. En attendant jetez donc un œil sur la photo de J.-F. Bignon. Histoire de vous coller quelques regrets.
Loick GICQUEL
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