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Subway Sect (04/02/78)

Subway sect, samedi 4 février, au Gibus. Cela va faire près d’un an que je ne les ai pas vus et Johnny Gueule d’amour qui a assisté à leur set la veille (ils auront en effet tenu une semaine au Gibus) me confie qu’on y a pu voir un Vic Goddard complètement déglingué, la main sur la tempe comme un pistolet dont la gâchette serait prêt à partir. Je n’y ai pas eu droit non plus qu’à l’image du pasteur qui m’avait frappé l’année d’avant.
Peut-être avais-je trop focalisé sur cette image et l’article ci-dessus qui en réfère s’y attarde trop (à ma décharge je pourrais dire qu’écrire/trouver le mot juste n’est pas une mince affaire). Encore ne fallait-il pas la prendre pour elle-même, cette image, mais plutôt comme un avant-signe par le truchement duquel l’innommable se trouve nommé : la mort. Là où j’avais vu une confrontation d’’atmosphères entre un passé puritain et notre présent insomniaque, je ne vois désormais plus qu’un « clair de mort » (comme on dit clair de lune). L’image du pasteur n’était utilisée que dans la mesure où un pasteur est essentiellement un contempteur de la vie et que le puritanisme anglais, poussé à l’extrême, ne peut déboucher que sur la mort. Équation terrible qu’il faudra bien se résoudre à écrire en toutes lettres : SUBWAY SECT = LA MORT. Mais la mort, comme en halo. Par-delà la voix implorante de Goddard, les connivences de l’électricité forment un halo de mort. La voix de Goddard oppose sa précarité à ce mur électrique qui se tient compact et monolithique derrière elle. Car Subway sect demeure toujours porteur de ce paradoxe extrême : d’une fragilité sans appel, mais aussi d’une violence sans retour, ils sont implacables comme la mort mais vulnérables tout aussi bien. C’est là que je les aime : Goddard invoque la mort mais la mort est toujours différée. Un voisinage étroit qui n’aboutit jamais à la fusion.
Au concert du Gibus, samedi, nous fûmes deux à applaudir : Lucky Strike et moi. Public de tarés, masse stupide et médiocre qui a aimé Lou
Reed lorsqu’il a bien fallu l’aimer : rats, ratés, ratures ! Subway Sect ne peut s’adresser qu’à un noyau infime. La masse est trop moutonnière. Et ce n’est pas demain la veille qu’elle aimera Subway Sect : depuis qu’ils existent, ils n’ont fait aucune concession. C’est Hervé Zenouda qui me disait à leur sujet : « ce que j’aime chez Subway Sect, c’est leur pureté ». Purs, oui, ils le sont. Purs et forts, ils ne suivent que leur propre voie, sans jamais se compromettre. Mais il faut bien se rendre à l’évidence : le génie se paiera toujours au prix de la malédiction. Et les gens de Subway Sect ne doivent leur courage qu’à l’unique beauté de ce qu’ils font.

Luc Lagarde – Annie aime les sucettes n°2 (02/78)

Presse-AnnieAimeLes-Sucettes-n02Euthanasie-08sbway2-755x1024 Subway Sect (04/02/78)
Annie aime les sucettes n°2 (02/78) / Collection : New Wave / Numérisation par David Euthanasie

+ Le Gibus au 18 rue du Faubourg du Temple à Paris (75011)

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