
Le béret déborde

LE BÉRET DÉBORDE
Accrochez-vous au médiator, j’enlève les cordes. La caisse claire déborde.
Ras le béret. Que se passe-t-il ? Je craque. Complètement. Carrément. J’overdose de mauvais rock français.
Après avoir écouté les dernières et pires nouveautés, subi des concerts de promotion complètement gerbeux, je crois qu’il est temps de régler certains comptes afin de renvoyer toute une bande de mauvais à leurs études.
Reprenons depuis le début (ou presque). Téléphone, Trust, Bijou, Starshooter et quelques autres vendent des disques et remplissent des salles. Les maisons, qui jusqu’alors s’étaient très prudemment décidées à aider les groupes français commencent à s’intéresser au phénomène. Les piles de contrats enflent et en 79, les plus avisés du « métier » commencent à dire « qu’on signe n’importe quoi, n’importe comment ». Si vous suivez l’actualité vous devez comprendre.
Depuis quelque temps on avait classé plusieurs groupes dans une série « B » du genre pas terrible mais mérite une oreille (parmi eux citons par exemple, Minuit Boulevard et Diesel). Aujourd’hui, il est temps de créer une troisième catégorie dont le symbole pourrait être une poubelle tricolore. Dans le genre rock catastrophe aux couleurs de la France, citons non pas pour mémoire mais pour oubli, Duroc, Océan, Karoline, Contagion et autres Jamentables comme Taurus 5, Les Prophets ou Flush. Voilà du vinyl gâché, du carton bien mal utilisé, de l’argent et de l’énergie gaspillés. Dans leurs hautes sphères parisiennes, les directeurs artistiques des maisons de disques font-ils un concours du morceau le plus débile ou engagent-ils les artistes par tirage au sort ? On peut ajouter à cette liste non exhaustive toute une frange de groupes parisiens dont le seul mérite doit être de connaître les petites amies des
fils de. certains P.D.G. (avez-vous écouté Suicide Roméo ou Taxi Girl ? Beuark!).
Pendant ce temps, certains musiciens moins culottés ou moins pistonnés que nos heureux gagnants plus haut cités continuent à attendre un hypothétique contrat qu’ils méritent largement. On vient heureusement de s’apercevoir que Les Stilettos et Killdozer étaient de bons groupes mais. un an après qu’ils aient donné des assurances très fermes. D’autres encore plus malchanceux continuent à tirer les sonnettes sans beaucoup d’espoirs puisque « tout l’argent disponible a été investi ».
Déjà on assiste à des « licenciements » parmi les premiers groupes signés. Ainsi deux grandes maisons viennent-elles de jeter certains de leurs protégés de 1979.
Restent les petits labels avec qui il est humainement agréable de travailler mais qui techniquement n’assurent pas une réussite optimale. De bons groupes comme Strychnine et Tequila en font actuellement les frais. C’est bien dommage.
Le rock français est encore trop fragile pour s’offrir de telles erreurs. Il va falloir mettre du monde sur la
route avant de remplir les studios si l’on ne veut pas dans les six mois à venir suivre un enterrement de première classe.Michel Embareck
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