
Comprenne qui pourra…

rock
Comprenne qui pourra…Il y a des moments où malgré toute la sympathie que j’éprouve envers les têtes de mules dépanneuses du rock français, je ne comprends pas très bien. Dernier né de ces labels qui cultivent l’authenticité comme l’ultime touche de classe, Surfin’Bird possède un petit catalogue et de nombreux
projets.
On pouvait: espérer: beaucoup de cette boîte qui a choisi : de privilégier délibérément les claquements de guitares, les riffs pointus, les mélodies: accrochées aux racines 1960.
Mais le manque de moyens mis à la disposition des groupes s’avère soudain trop flagrant.
Cinq ans en arrière, le « son Surfin’Bird » serait passé comme une lettre à la poste.
Aujourd’hui, on en arrive à se demander si produire des disques dans de telles conditions de précarité est réellement un bon service rendu à la noble cause.
Ecouter « Coup’ de bol à Marrakech »; de Ticket (Nantes) ou la version haute tension d’« Harley Davidson. » de Gamine (Bordeaux), comme s’il s’agissait des derniers efforts d’un Teppaz à bout de souffle, me fait mal au cœur.
Et bien entendu, pour oser l’écrire, je vais me faire insulter, traiter de cracheur dans la soupe, de consommateur de son F.M… Tant pis, Je persévère. Comment peut-on espérer s’en sortir (c’est-à-dire passer plus d’une fois sur les radios qui comptent) sans proposer, en 1985, des albums qui ne semblent pas enregistrés avec un grille-pain. À part ça, l’album de Ticket est bourré de bonnes compositions, de petits love-song malicieux comme les quatre Nantais savent si bien les concocter. Et j’enrage de ne pas voir toutes ces bonnes chansons sortir des baffles comme… tiens, « La Cité des Anges » de La: Souris Déglinguée.
Parce que figurez vous que cette bande de teigneux, réputée pour ses disques à écouter avec une brosse en paille de fer à la place du diamant, a pondu un chef-d’œuvre absolu. Un son clair, joufflu, des rythmes chaloupés (du blues parfois et même des touches jazzy) sans renoncer à en décaper une bonne de temps en temps. Selon des sources généralement bien informées, La Souris serait au bord du split et ça, juste au moment où elle catapulte une des meilleures galettes tricolores depuis dix ans. « Nostalgique » est carrément un beau titre, «Irina Blues » possède une énergie d’enfer, « Soldats Perdus » a le cœur (et les larmes) à fleur de peau, « La Cité des Anges » sera peut-être dans trois ans un classique. Et il sera trop tard.
Il y a des moments où vraiment je ne comprends plus rien.Michel EMBARECK – Nouvelle République du Centre page F (13/03/85).
La Souris Déglinguée (disques Celluloïd).
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