
LES « ROCKYS » SONT SYMPAS ET HEUREUX DE L’ETRE…

PORTRAIT
OPPOSÉS A LA DROGUE ET AUX CHEVEUX. LONGS
LES « ROCKYS » SONT SYMPAS ET HEUREUX DE L’ETRE…« Ouais, le rock’n’roll, c’est la Musique du petit peuple Américan. Les ouvriers, quoi. Le ghetto Jeff n’a que 22 eue Il est né troi avant que le vrai rock’n’roll ne s’éteigne. Le jour de la mort d’Eddie Cochran : le 17 avril 1960. IL porte à l’oreille une petite croix en or, en signe de deuil.
Etre rocky en France et plus particulièrement à Tours, n’est pas une sinécure. Etre un « vrai » rocky du moins.
Ce ni pas tous les jours drôle et Jeff sait aussi qu’un jour il devra se ranger, se caser. Troquer la veste de cuir ou costume de Teddy Boy contre un deux pièces-cravate.
Mais en attendant « Je vis au jour le jour ». Avec ses copains on le voit souvent du côté de la place du Palais, vers l’heure de l’apéro. Il travail en intérim, deux mois par ci, trois mois par là. « C’est pas lourd payé, poursuit-il dans son langage spontané. Avec 2,300 balles, j’ai juste assez pour la pension chez mes parents, pour me fringuer et sortir. » Ah sortir ! « On sort en boîte, le plus souvent. Mais c’est triste.. Aujourd’hui il nous faut parfois attendre 4 ou 5 heures pour entendre du rock. Il n’y en a plus que pour le disco. C’est plus de la musique ça. C’est du préfabriqué… » Mais Jeff et ses rockys n’y vont pas seulement pour la musique. La boîte, c’est le seul moyen pour se trouver une fille. « C’est dur! On leur fait peur aux filles. Le plus difficile, quand on en trouve une sympa, c’est d’arriver à la voir ailleurs que dans le dancing. Dès que les parents nous voient, on se fait jeter. C’est absurde. »
L’amour interdit. Car un rocky a beaucoup de sensibilité, malgré l’impression de « dur » qu’il donne.VIOLENTS, NOUS ?
La cigarette aux lèvres et le coude léger, Jeff parle sans détours. Son regard est perçant, son sourire franc. Il à quitté l’école en troisième. Il aurait voulu devenir professeur de français mais pour ça « il fallait apprendre beaucoup trop de choses qui n’ont rien à voir avec la langue ». Quand il parle, Jeff passe sans effort de son incompréhensible jargon au français le plus châtié. Drôle de bonhomme. Et la violence ? « C’est bon. pour les loubards. Ce sont des guignols. Ils tapent par habitude, sans trop savoir pourquoi. On ne leur ressemble pas. Je me suis battu trois fois dans ma vie. Toujours pour me défendre. Pour être un vrai rocky, il faut d’abord en avoir la mentalité. Je suis contre la drogue et les cheveux longs, les babas-cools ce sont des fils de bourgeois. Rien à en tirer. Enfin… »L’AN PROCHAIN
A LONDRES
Jeff ne parle pas l’anglais mais il ne jure que par l’Angleterre. Il rêve du grand rassemblement rocky, prévu dans la capitale anglaise pour célébrer le vingtième anniversaire de la mort de Cochran. « On sera 50.000 environ, venus de partout, terrible ! » Car avant le boulot, la drague et la fête, il y a le rock. Celui des années 50. Presley, Bill Halley, Eddie Cochran et Gene Vincent. Le rock’n’roll et à la rigueur le rock à Billy, légèrement teinté de country. « Tu vois, cette musique elle vient de là et là », poursuit Jeff en indiquant son ventre et son cœur. Oui, son cœur. « Le rock comme la vie qui bat, qui souffre, qui jouit, qui perd et qui gagne, tu piges ? » Ce bon vieux rock dont on annonce toujours la mort mais que rien ne remplace. « J’ai parfois le cafard, comme tout le monde. Alors j’me balance un coup de Gégène ( Vincent) et ça repart ». Jeff et ses copains vivent en marge. pour le rock et par lui. Ils vivent le rock, tous les jours que le Bon Dieu fait. N’ayez pas peur braves gens quand vous croisez un homme en cuir soigneusement peigné en banane : il sent les choses à sa façon et fait sa vie à sa mesure. En douze mesures, exactement.Ph. DAUTREMONT.
NOTRE PHOTO. – Dans un bar de Tours, les retrouvailles des rockys. (Photo Hervé LEFEBVRE).
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