
Bateau Ivre (Blanqui)
03/04/1983 – 20/06/1987 // Café-théâtre
+ Bateau Ivre au 32, rue Eugène Durand à Tours (37000)
Bateau Ivre (1983–1987) : un café-théâtre en mouvement
Entre avril 1983 et juin 1987, le Bateau Ivre a animé les soirées tourangelles depuis le 32 de la rue Eugène-Durand, au cœur du quartier Blanqui-Mirabeau. À l’initiative de ce lieu à la fois culturel et convivial, un couple de passionnés : Joël et Gisèle, un Tourangeau et une Tourangelle décidés à faire exister un espace différent, à la croisée du théâtre, de la musique, des arts plastiques et de la restauration.
Une aventure artisanale
Installé dans un ancien garage — qui fut tour à tour une fabrique de vêtements d’enfants puis une usine de bobinage électrique — le Bateau Ivre a vu le jour au terme de huit mois de travaux intenses, menés principalement par Joël, Gisèle et une poignée de proches. Tout ou presque a été fait à la main : aménagement de la salle, construction d’un appartement à l’étage, coulage des dalles, équipement technique de la scène.
L’enthousiasme ne suffisait pas toujours : neuf banques refusent leur dossier, jugé trop risqué. Il faudra l’entremise d’un courtier pour obtenir enfin un prêt, à un taux de 20 %. Le rêve a un coût, mais il devient réalité.
Un espace à plusieurs visages
Le Bateau Ivre, c’est d’abord une salle de spectacle de 130 places, avec une petite scène de 4m x 3m, équipée modestement : un piano, quelques micros, une sono, des projecteurs. C’est aussi une salle d’exposition de 40 m², conçue pour permettre aux artistes plasticiens de présenter leur travail dans un lieu moins formaté que la galerie traditionnelle.
Gisèle explique ainsi la genèse du projet :
« Il y avait déjà quelque temps qu’on avait envie de monter un truc chouette dans ces eaux-là : cabaret, café-théâtre. […] Je rêvais vaguement d’une librairie avec possibilité de spectacles. »
Misant sur un éclectisme assumé, le Bateau Ivre propose chanson, jazz, mime, théâtre, avec la volonté affichée de ne pas devenir un « Petit Faucheux bis », en référence à une autre salle emblématique de Tours. Une programmation variée, indispensable à la survie du lieu, dans un paysage culturel où d’autres structures ferment.
Spectacle, restaurant, bar : un équilibre fragile
Dès les premiers mois, Joël et Gisèle comprennent que les seules recettes des spectacles ne suffiront pas. Ils ouvrent donc un restaurant-bar, pensé pour prolonger l’expérience artistique autour d’un repas simple, naturel, sans prétention.
Sans vouloir s’enfermer dans une étiquette, ils rejettent d’ailleurs le qualificatif de restaurant végétarien, préférant parler de « bouffe naturelle et originale ». La formule séduit rapidement : après les spectacles, les spectateurs restent, les artistes passent de table en table, et la soirée s’achève souvent autour de longues tablées amicales.
Le Bateau Ivre repose ainsi sur une double structure : une association loi 1901 pour la partie culturelle, et une activité commerciale pour la restauration, appuyée par la publicité dans les catalogues-programmes.
Ancrage local et festivals
Dès sa première année, le Bateau Ivre devient partenaire du festival de théâtre de rue “Dehors-Dedans”, lancé en juin 1983. Cet événement, alors inédit dans la région, investit la rue comme véritable espace de jeu, et rassemble des compagnies, françaises et étrangères. Le Bateau Ivre y participe aux côtés d’autres lieux comme le Petit Faucheux ou l’Amphi, contribuant à inscrire Tours dans la dynamique des festivals de juin.
Une salle sans étiquette
Si le nom « Bateau Ivre » évoquera plus tard une programmation rock dans son second lieu, le premier Bateau Ivre (1983–1987) n’avait pas d’identité musicale exclusive. On y entendra Little Bob, Stephan Eicher, mais surtout beaucoup de jazz, avec les “Mercredis Jazz” coproduits avec Jazz à Tours, devenus une marque de fabrique.
Ce choix de la diversité est payant : la fréquentation grimpe d’année en année, passant de 4 500 spectateurs en 1984-85 à 10 000 en 1986-87.
Une programmation éclectique, reflet d’un lieu vivant
Au fil des saisons, le Bateau Ivre s’est imposé comme un espace d’expression rare, ouvert à toutes les formes de spectacle vivant. Théâtre contemporain, chanson engagée, jazz virtuose, musiques du monde, mime, humour, conte, cabaret ou encore musiques expérimentales… Le lieu a accueilli plus de 600 soirées, alternant talents confirmés et jeunes pousses.
Parmi les artistes passés sur la petite scène du 32 rue Eugène-Durand, on peut citer :
Chanson et voix singulières
- Danielle Messia, en novembre 1982, avec sa voix émotive et ses textes à fleur de peau
- Maurice Fanon, figure de la chanson réaliste, en 1982
- Claude Maurane (Belgique), en mars 1985, pour trois soirées pleines de justesse
- Môrice Benin, poète et militant, en mars 1985
- Allain Leprest, auteur profond et discret, en mars 1986
- Henri Gougaud, conteur à la voix grave, en 1987
- Catherine Ribeiro, attendue en mai 1987, pour une prestation malheureusement partiellement annulée
Jazz et musiques improvisées
- Jean-Marie Ribis Quartet (1983) ou Quintet Philippe Rageot (1987)
- Marc Robert Quartet (plusieurs dates dès 1982)
- Trio Mosalini – Beytelman – Caratini, maîtres du tango-jazz (1986)
- Siegfried Kessler – Zenino – Arnaud (1986)
- Jimmy Gourley, guitariste de jazz légendaire (1986)
- Trio Eric Barret – Aldo Romano – Henri Texier, en janvier 1987 : une date marquante pour les amateurs
Théâtre et humour
- Le Théâtre Isocèle avec Moi Pierre Rivière… (1984)
- Pierrette Dupoyet, avec des créations fortes comme Laisse tomber la neige (1984) ou L’Enfer (1986)
- Romain Bouteille, l’un des fondateurs du Café de la Gare, en février 1986 avec L’esprit qui mord
- Yolande Moreau, future icône du cinéma, sur scène en décembre 1986
- François Silvant, humoriste suisse avec Un suisse peut en cacher un autre (1987)
- Et des participations régulières au festival Dehors-Dedans, comme le Théâtre à Bretelles, Paul Lera, Perrotin Lartiche ou Gustave Parking
Musiques du monde et métissage
- Francis Bebey, musicien et ethnomusicologue camerounais (1983)
- Celso Machado (Brésil), en 1985 et 1986
- Palata, formation d’Afrique centrale, à plusieurs reprises
- Nazaré Pereira, grande voix du Brésil, en mars 1987
- Toto la Monposina, ambassadrice de la Colombie (avril 1987)
Figures populaires et inclassables
- Little Bob, rockeur havrais, avec Joël Drouin (1987)
- Stéphan Eicher, jeune chanteur suisse (1984)
- Jean-Jacques Milteau, maître de l’harmonica, avec Éric Kristy (1987)
- Marc Jolivet, en mai 1986 pour une soirée d’humour et d’impertinence
- Jacinta, voix venue de l’océan Indien, présente plusieurs fois entre 1985 et 1987
Grâce à cette programmation audacieuse et variée, le Bateau Ivre a su toucher un large public. À l’image de ses fondateurs, le lieu refusait les cloisonnements : théâtre et chanson se frottaient au jazz, les formes expérimentales cohabitaient avec le cabaret, et chaque artiste était invité à dialoguer avec la salle, souvent autour d’un verre ou d’un repas.
En cela, le Bateau Ivre n’était pas qu’un lieu de diffusion : c’était un véritable espace de vie artistique et humaine.
Une transition en 1987
En juin 1987, le Bateau Ivre quitte la rue Eugène-Durand pour entamer un nouveau chapitre au 146 rue Édouard-Vaillant, dans les murs de l’ancien Amphi. L’histoire continue, mais c’est une autre page qui s’écrit.
Le Bateau Ivre, dans sa première version, aura incarné une utopie concrète, celle d’un lieu fait maison, tenu par des passionnés, vivant du lien direct entre artistes et public, dans une ville où la culture indépendante cherchait encore ses repères.



Une Société Civile Immobilière se constitue le 7 juillet 1981. Elle fait l’acquisition d’un
local sis au 32, rue Eugène Durand à Tours, le même jour.
Le local, construit en 1936, a d’abord servi de fabrique de vêtements, puis d’atelier de bobinage électrique, et dernièrement de garage automobile, où la graisse, l’huile et la poussière
étaient rois.
Le 15 juillet commencent les travaux, qui vont durer pendant neuf mois.Sept. 1981
En 9 mois nous allons faire tous les corps de métier de la maçonnerie (coulage de 2 planchers en béton armé, les égouts etc…) à la menuiserie, la plâtrerie (3 mois de travail) jusqu’au carrelage, peinture et autres finitions. Entièrement par nous mêmes.
Récupération des radiateurs préparation et pose de l’isolation phonique
février 1982
Platerie . électricité – Plomberie – chauffage
– finie –
début des finitionsFin Mars les Travaux se terminent. Nous Ouvrons le 3 avril.
Création d’une société de fait qui loue les locaux à la S.C.I et fera désormais fonctionner le restaurant et pendant 3 mois la partie animation culturelle.
Le temps manquant pour mieux préparer l’ouverture et se définir juridiquement, il faut à tout pris différencier le restaurant à But lucratif et le « café théâtre » à But non lucratif.La dans l’idée « le Bateau Ivre » c’est :
Un « café théâtre »
Un Restaurant
Une Buvette
Une Salle d’exposition
Des jeux et des B.D à la disposition des Jeunes, etc…








UNE EXPERIENCE D’ANIMATION
Au 32 de la rue Eugène-Durand « Le Bateau Ivre » se lance à l’eau…Au 32 de la rue Eugène-Durand, en plein quartier Blanqui-Mirabau, s
est ouvert samedi un restaurant-animations. Pas un café-théâtre: aux yeux des impôts. ce n'est pas la même chose. Et ce "restaurant-animations" s
appelle « Le Bateau Ivre ». Un nom de baptême qui ne pèche pas par une folle originalité: mais qu’importe, s`il est vrai que l’essentiel réside dans la naissance à Tours. dans un quartier tranquille d’un lieu de consommation culturelle nouveau.
Derrière le projet, un Tourangeau et une Tourangelle, Joël et Gisèle.
« Le Bateau Ivre », c’est leur affaire. Elle: « ll y avait déjà quelque temps qu’on avait envie de monter Un truc chouette dans ces eaux-là: cabaret, café-théâtre. J’avais bossé å la bibliothèque du comité d’entreprise d’E.D.F. Et je rêvais vaguement d’une librairie avec possibilité de spectacles. A l’époque, je voulais pas entendre parler de monter quelque chose où.il y avait eu å faire la bouffe e la vaisselle… »
C’est la mère de famille qui parle.
Aujourd’hui, Gisèle et Joël ont dû changer d’optique. Leur établissement fera dans les nourritures spirituelles et matérielles: « Rentabilité oblige ».Neuf banques, neuf refus
Mais le but premier n’a pas changé. Et Joël ne voudrait pas à l’heure du démarrage officiel, dévier d’un iota. Après une tentative malheureuse dans l’élevage des chèvres, il entend réussir à concilier l’animation d’un lieu culturel et la tenue d’un restaurant avec les servitudes que cela implique. Et il entend en vivre aussi: l’aventure du « Bateau Ivre », il la conçoit comme une chose sérieuse.Leur salle. Gisèle et Joël l’ont donc installée au 32, me Eugène-Durand, dans un ancien garage qui abrita auparavant, dans Perdre, une fabrique de vêtements d’enfants et une usine de bobinage électrique.
Quand le couple (aidé d’un ami) a acheté la vieille bâtisse, elle était dans un assez triste état. A l’instar de ces artistes américains qui retapent « aux petits oignons » des locaux utilitaires, l’équipe du « Bateau Ivre » a transformé de fond en comble l’ex-garage. Lequel en avait bien besoin : aujourd’hui, les anciens propriétaires des lieux ne reconnaîtraient pas leur enfant.Gisèle, Joel et les copains qui ont donné un coup de main ont bossé « comme des fous » pendant huit mois. Les patrons du « Bateau Ivre » se sont « tapés presque tout le boulot » : seuls l’électricité et la plomberie-chauffage ont été l’œuvre de l’association « La Chrysalide ».
Sinon, ils ont monté un appartement à l’étage, coulé des dalles au rez-de-chaussée, etc. Financièrement, on s’est appuyé sur un héritage (pas mirobolant) et on a contracté un emprunt; L’affaire ne s’est pas faite sans mal d’ailleurs: « Malgré dossier solide, sans bavures, on a essuyé neuf refus auprès des neuf banques auxquelles nous avons rendu visite. Trop risqué comme projet, nous a-t-on répondu. Alors on est allé chercher un courtier bancaire, qui nous a trouvé un prêt à 20 %. »Pas de bruit de fourchettes pendant le spectacle
Malgré cette gestation difficile, on a confiance rue Eugène-Durand. Misant sur l’éclectisme le plus large possible (variétés, jazz, mime, théâtre), on cherchera à attirer un public qu’un autre établissement a déjà su happer rue des Cerisiers. Mais on essaiera aussi de ne pas faire « un Petit-Faucheux bis », précisent Gisèle et Joël. Dans la salle du « Bateau Ivre », qui peut contenir à l’aise 100 personnes, le théâtre devrait avoir droit de cité sans problème.
Côté repas enfin, le « Bateau Ivre », qui refuse l’étiquette végétarienne qu’on voudrait déjà lui coller dans le dos, se donne pour objectif d’offrir au client « une bouffe naturelle et originale ». Au dit client de juger sur place…
Une chose est sûre en tout cas: pendant les spectacles, on ne mangera pas rue Eugène-Durand. Une règle à laquelle l’équipe du « Bateau Ivre » tient à rester fidèle apparemment.
Pour l’avenir, on rêve dans l’ancien garage d’accueillir des expositions, des conférences, de jouer « portes ouvertes » pour les enfants du mercredi. On n’en est pas encore là : pour l’instant, on préfère annoncer le programme jusqu’aux vacances. Un programme qui méritait bien notre encadré de la semaine.
P.I.NOTRE CLICHE (Jean Bourgeois): la photo de famille à l’entrée du « Bateau Ivre ». A gauche, Gisèle et Joël. A droite, deux des étudiants des Beaux-Arts qui ont peint les fresques de l’établissement.
Le Bateau Ivre a fermé ses portes pour 2 mois
2 mois pendant lesquels nous avons fait les dernières finitions dans le Restaurant/Salle de Spectacles et installé une galerie d’exposition dans une salle annexe.
2 mois pour préparer la rentrée avec la création de l’association BATEAU IVRE loi 1901 qui, désormais, va prendre en charge le café théâtre et la galerie en essayant de développer l’expression artistique.Spectacles – Expositions – conférences – projections etc…
Réouverture le 4 Septembre 82
Avec Inauguration De la Salle d’exposition avec Vernissage d’une expo de peinture et Spectacle Après.BATEAU IVRE
C’est : Une Salle de Spectacle de 130 places équipée d’une petite scène amovible de 4m x 3m. avec un piano, une sono, quelques micros et projecteurs afin d’offrir la plus de possibilités possibilités aux artistes pour que les spectacles soient de bonnes qualités.
Une Salle d’exposition de 40 m² qui permettra aux artistes de pouvoir exposer leurs réalisations dans un cadre autre que celui d’une galerie traditionnelle, Et avec plus de facilité ( financière entre
autres ).
En espérant que le public en sera d’autant plus étendu.