
RETOUR AUX SOURCES: LONDRES
Résumé
24 septembre 1976 – Londres :
Le journaliste M. Emabreck livre une chronique désabusée sur la scène rock londonienne, loin du mythe du « Swinging London ».
- Roogalator : groupe phare du circuit underground, acclamé pour son funk-rock énergique et inventif.
- Oppo : formation atypique (6 musiciens) proposant un hard-jazz-rock influencé par Zappa, avec une chanteuse remarquable, Elikie Brooks.
- Hard rock : la majorité des groupes londoniens explorent ce registre, souvent sans grande imagination.
- AC/DC (encore peu connus, présentés comme australiens « qu’on aurait dit d’Orange ») impressionnent par leur énergie scénique.
- Sex Pistols : jugés médiocres musicalement mais attirant l’attention par leur image provocante et leur style choquant.
- Enfin, le journaliste conclut que les véritables vibrations londoniennes sont à chercher dans le quartier jamaïcain de Portobello, entre les disquaires, sound systems et reggae clubs.
Source
Nouvelle République du Centre-Ouest, 24 septembre 1976 (archives départementales).
Auteur
M. Emabreck
ROCK / RETOUR AUX SOURCES: LONDRES
Que reste-t-il de nos amours où la chronique désabusée de quelques jours passés à Londres à la recherche du rock. Dix ans après la grande explosion qui l’a nu naitre, le swinging London n’est plus presque plus) qu’une image d’Epinal (de cheval dans les Vosges) que l’on fourgue aux touristes du côté de Piccadilly. Bien sûr, il se passe encore des choses dans la ville noyée de smog mais elle s’avèrent en définitives assez décevantes.
Roogalator et Oppo
Le circuit des pubs qui a tant donné au rock marche toujours aussi fort. Chaque soir que ce soit au Greyhound, au Marquee au Nashville 01: au Hard-Rock on peut voir et entendre deux ou trois groupes qui usent leur énergie dans l’espoir de rejoindre un jour les Stones ou les Who (qui restent les plus populaires chez les kids) au panthéon du rock. Les grandes vedettes parmis ces jeunes musiciens sont bien sûr Count Bishops et Eddie et the Hot Rods, des gens que vous connaissez de longue date grâce à la « N.R. ». C’est pourquoi votre serviteur est allé au plus profond des pubs pour tenter de découvrir d’autres horizons. Il en est revenu expert en guiness…
Le meilleur gang qui tourne actuellement dans le souterrain londonien est sans contestation Roogalator. Ils n’avaient pu jouer à Mont-de-Marsan du fait de la pluie qui s’était abattue sur le festival et c’est bien dommage. Les quatre membres de Roogalator (piano, basse, guitare, batterie) produisent un blues rock teigneux et très bien fait qui rappelle fortement celui d’Alexis Korner. Tous les standards du blues électrique défilent dans leur répertoire. C’est un bon flash-back que de se remettre tous ces airs dans les oreilles. Il faut ajouter que le guitariste et chanteur avec sa dégaine de rin- gard boutonneux s’avère être un musicien remarquable qui a Le blues.
Autre révélation du souterrain londonien: Oppo. Ils sont.six sur scène (basse, batterie, cuivres, guitare, piano, chant) et ont bâti une musique assez bizarre qui emprunte à Zappa pour l’humour et à Genes’s pour le « concept show ». Leur hard-jazz-rock est mis en valeur par la voix d’une chanteuse superbe dont l’anatomie n’a rien à envier à celle d’Elkie Brooks. Rien que pour elle, le groupe vaut largement le déplacement. It’s so foxy anu sexy lady…
Hard rock
Hormis les deux groupes plus haut cités, la majorité des autres produisent un hard rock ennuyeux et sans imagination. Ce style reste cependant très prisé des kids londoniens qui se précipitent toujours en nombre aux concerts de Heartbreakers (rien à voir avec ceux de New York), de Dirty Triks ou de Lone Star, aes erzats de Statu-Quo ou de Deep Purple.
Le hard le plus intéressant est celui de AC-DC des Autraliens que l’on aurait dû voir à Orange. Leur disque révèle une musique assez quelconque. Sur scène cependant ils dégagent une énergie fantastique grâce surtout à un chanteur complètement fou qui termine ses shows dans… le plus simple appareil.
Reste le cas des Sex Pistols. Musicalement ils sont complètement nuls et incapables d’aligner deux accords justes de suite. Mais ils ont une image de marque pseudo-décadente et sado- masochiste qui en fait les vedettes du London intellectuel. Leur show vaut surtout par la faune que l’on peut y rencontrer. A côté de celle-ci, les rockers de la Coupole font figure de tristes travestis…
Finalement les vraies et meilleures vibrations que l’on puisse ressentir à Londres se trouvent du côté de Portobello dans le quartier jamaïcain où les discothèques débitent à longueur de journée de la bonne soul music et du reggae de première qualité. La prochaine fois on parlera de New York. Là le rock est vraiment partout dans la ville, au plus haut niveau.
Londres reste le paradis des disquaires et des fouineurs à la recherche des raretés les plus incroyables. Les meilleurs endroits pour les amateurs: Quadriphonie, Records (pour les punks), à Earls Court, Kensington Market (tous les jours), Virgin à Nothing Hill Gate et le Portobello Market (samedi uniquement) pour le Reggae et la soul chez Rebel Music.
m. emboreak
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